Un économiste en avance sur son temps
Sommes-nous sages en permettant au commerce de ce pays de s'élever au-delà du point auquel nous pouvons le maintenir longtemps?
M. Jevons était un visionnaire, en effet il était déjà conscient de trois points importants :
La limite des ressources étant donné leur nature finie : dans ce cas, Jevons se concentre sur le charbon, mais cette évaluation est vraie pour toutes les ressources finies. Même si cela semble évident, Jevons est l’un des premiers économistes à parler de la finitude des ressources.
L'effet Rebond : “Tout ce qui, par conséquent, contribue à augmenter l’efficacité du charbon et à diminuer le coût de son utilisation, tend directement à augmenter la valeur de la machine à vapeur et à élargir le champ de ses opérations.” (page 107).
La dépendance croissante à l’énergie : “C’est l’énergie matérielle du pays - l’aide universelle - le facteur de tout ce que nous faisons.” (Introduction page viii). Jevons affirme en outre que le charbon est la source de la prospérité du Royaume-Uni et de sa domination mondiale.
Une étude suggère que sur la base de nos taux de production actuels, le charbon sera épuisé vers 2150 selon la World Coal Association - nous devrions laisser la plupart du charbon découvert sous terre malheureusement ! Jevons s’est trompé pour le charbon, mais son raisonnement global et ses conclusions sont bien plus importants que son erreur de prédiction.
Le début d’une révolution
La Benz Patent-Motorwagen , construite en 1885 par l’Allemand Carl Benz, est largement considérée comme la première automobile pratique du monde.
Elle a été brevetée en 1886 par Carl Benz, nom connu aujourd’hui pour la société Mercedes-Benz.
Le marché du pétrole se mondialise
Afin d’introduire un peu de contexte, laissez-moi vous parler de The Petroleum Production Company Nobel Brothers ou simplement de Branobel qui est une contraction de “Frères Nobel” en russe. La compagnie pétrolière Nobel a été fondée en 1876 à Bakou, l’actuelle capitale de l’Azerbaïdjan. À un moment donné de l’histoire, la société Branobel produisait 50 % de tout le pétrole du monde.
En 1878, Ludvig Nobel, frère de Robert Nobel et du certainement plus connu Alfred Nobel, commande le premier pétrolier de l’histoire appelé le Zoroaster à une société suédoise. Le navire était capable de transporter environ 242 tonnes de kérosène.
En 1881, lors du chargement d’un navire dans le port de Bakou, le navire jumeau du Zoroaster a explosé, tuant plus de la moitié de l’équipage et provoquant l’une des premières marées noires de l’histoire.
D’autres compagnies pétrolières commencent à copier l’idée du pétrolier et, en 1889, la première traversée de l’Atlantique par un navire-citerne, spécialement conçu pour le transport du pétrole, est réalisée. C’est un tournant dans l’histoire : le marché du pétrole devient mondial.
Le matériau le plus inadapté à son utilisation
1907 est l’année de naissance du plastique industriel avec l’invention de la bakélite. D’autres découvertes ont ensuite ouvert la porte à des usages plus intensifs.
Nous, les humains, avons choisi de créer un matériau très résistant pour des utilisations de courte durée, voire uniques. En effet, il faut par exemple environ 450 ans pour qu’une bouteille en plastique soit décomposée en microplastiques qui sont encore plus dangereux que les macroplastiques car ils entrent dans la chaîne alimentaire. Une revue de différentes études suggère que les humains pourraient ingérer en moyenne 0,1 à 5 g/semaine de microplastiques d’une taille allant jusqu’à 1 mm, soit 74 000 à 121 000 particules par an. Ces informations sont confirmées par un rapport du WWF : une personne moyenne pourrait ingérer jusqu’à cinq grammes de plastique chaque semaine par le biais des aliments et de l’eau pollués qu’elle consomme, soit l’équivalent d’une carte de crédit.
En 2022, 400 millions de tonnes de plastique ont été produites. Cette production connaît une croissance exponentielle et devrait doubler d’ici 2040. Certaines estimations sont incroyables, par exemple, chaque année nous jetons 5 milles milliard de sacs plastiques . Les sacs plastiques sont utilisés en moyenne pendant 12 minutes mais ils persistent dans la nature pendant 1000 ans.
Maintien de la paix et de la sécurité
Les Nations Unies ont été créées en 1945. Cette organisation internationale a été établie juste après la Seconde Guerre mondiale dans le but de prévenir les guerres futures ; cependant, son rôle s’est étendu aux préoccupations environnementales.
Les Nations unies ont joué un rôle central sur la scène internationale de l’environnement, notamment en :
Encourageant la création de l’ Organisation Météorologique Mondiale en 1950.
Organisant la Conférence de Stockholm , la première conférence internationale sur l’environnement en 1972 qui a abouti à la création du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).
Créant le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du climat (GIEC) en 1988.
Diriger le Sommet de la Terre de 1992 à Rio de Janeiro, qui a donné lieu à toutes les futures Conférences des Parties (COP).
Promouvoir une vision commune
L’ Organisation Météorologique Mondiale (OMM) est une institution créée en 1950 qui a joué un rôle énorme dans l’émergence de la question de l’effet de serre d’origine humaine sur la scène internationale. L’OMM a trois objectifs principaux :
Harmoniser les normes et les pratiques nationales par la coopération technique et scientifique internationale.
Construire ou renforcer les capacités des Etats à mener leurs propres recherches et à maintenir une infrastructure technologique dédiée.
Mobiliser la communauté internationale autour de préoccupations mondiales en promouvant une vision commune.
Preuve de l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère
La courbe porte le nom du scientifique Charles David Keeling qui a lancé le programme de surveillance continue du CO2 et l’a supervisé de 1958 à sa mort en 2005.
Je recommande de jeter un coup d’oeil au Site Officiel de la Courbe de Keeling pour explorer de manière interactive les différentes plages de temps et constater que la concentration de CO2 a explosé depuis la révolution industrielle en 1850. Pour ceux qui préfèrent apprendre par des vidéos, voici une excellente vidéo officielle d’une minute de l’Institut océanographique Scripps : Vidéo montrant la Courbe de Keeling atteignant les 415 PPM
Je tiens à insister sur le fait que la concentration actuelle de CO2 n’a rien à voir avec une variabilité naturelle comme vous pouvez le voir sur le graphique suivant.
Pour ceux qui se posent la question, nous sommes en mesure de connaître la concentration de CO2 d’il y a des centaines de milliers d’années grâce aux carottages dans la glace. En fait, nous pouvons aussi estimer la température globale dans le passé : Voici une video from the movie Chasing Ice qui explique le processus assez simplement.
Relier les points : l’augmentation du CO2 implique une augmentation de la température mondiale
La courbe de Keeling a augmenté d’année en année jusque dans les années 1960. En 1963, Keeling et quelques autres experts se sont réunis lors d’une conférence parrainée par la fondation privée nommée Conservation Foundation et ont publié un rapport suggérant que le doublement du CO2 prévu pour le siècle prochain pourrait augmenter la température mondiale de 3,8 degrés Fahrenheit, soit 2,1°C.
On estime qu'un doublement de la teneur en dioxyde de carbone de l'atmosphère entraînerait une augmentation de la température atmosphérique moyenne de 3,8 degrés Fahrenheit. [...] Jusqu'à présent, l'augmentation du dioxyde de carbone a été de l'ordre de 10 pour cent, et les océans connaissent déjà une certaine élévation de température.
Lorsqu’ils ont publié ce rapport en 1963, la concentration de C02 dans l’atmosphère était d’environ 320 p.p.m. Le rapport nous dit que pour 640 p.p.m., nous atteindrions une augmentation de la température atmosphérique de 2,1°C. Cependant, nos connaissances scientifiques ont évolué et nous savons désormais que 450 p.p.m correspond très probablement à 2,1°C et que 650 p.p.m correspond très probablement à 3,6°C. Ces estimations proviennent du quatrième rapport d’évaluation du GIEC, groupe de travail 1 - AR4 WG1 The Physical Science Basis, page 66/1007, tableau TS.5 .
Ses réflexions sur l’enjeu systémique
Je ne veux pas paraître exagérément dramatique, mais je ne peux que conclure, sur la base des informations dont je dispose en tant que Secrétaire général, qu'il reste peut-être dix ans aux Membres des Nations Unies pour mettre de côté leurs anciennes querelles et lancer un partenariat mondial afin de freiner la course aux armements, d'améliorer l'environnement humain, de désamorcer l'explosion démographique et de donner l'élan nécessaire aux efforts de développement. Si un tel partenariat mondial n'est pas forgé au cours de la prochaine décennie, je crains fort que les problèmes que j'ai mentionnés n'aient atteint des proportions si stupéfiantes qu'ils seront au-delà de notre capacité de contrôle.
Émergence de la conscience environnementale
Le 22 avril 1970, la première Journée de la Terre est célébrée ; le mouvement environnemental acquiert une forte influence, répandant l’inquiétude face à la dégradation de la planète. On estime que 20 millions de personnes dans tout le pays ont assisté aux événements inauguraux organisés dans des dizaines de milliers de sites, notamment des écoles primaires et secondaires, des universités et des sites communautaires à travers les États-Unis.
En 1970, la U.S. National Oceanic and Atmospheric Administration , principal émetteur de fonds de la recherche climatique mondiale, est créée.
Un classique de la littérature écologique
Ce livre était à l’origine un rapport commandé pour la conférence de Stockholm qui a eu lieu l’année de sa publication. Le rapport mentionne déjà les principales préoccupations auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui : la malnutrition, l’acidification des océans, etc. De manière surprenante, le seuil de réchauffement global de 2°C apparaît déjà dans ce vieux rapport.
L'équilibre entre les radiations entrantes et sortantes, les forces qui préservent la température globale semblent si délicates, si précises, qu'un léger changement dans l'équilibre énergétique pourrait tout perturber. Seul un léger changement peut modifier la température globale de 2°C. 2°C de moins et c'est une nouvelle ère glaciaire ; 2°C de plus et c'est une ère sans glace. Dans les deux cas, les conséquences sont mondiales et catastrophiques.
Prédiction d’un effondrement de nos sociétés
Ce livre incontournable - il faut vraiment le lire - est le rapport d’une étude de deux ans menée par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) de 1970 à 1972. L’équipe du projet a utilisé la théorie de la dynamique des systèmes et la modélisation informatique pour analyser, via un modèle informatique nommé World3 , les causes et les conséquences à long terme de la croissance de la population mondiale et de l’économie matérielle. Leurs conclusions sont désagréables mais doivent être lues attentivement :
Si les tendances actuelles de croissance de la population mondiale, de l'industrialisation, de la pollution, de la production alimentaire et de l'épuisement des ressources se poursuivent sans changement, les limites de la croissance sur cette planète seront atteintes au cours des 100 prochaines années. Le résultat le plus probable sera un déclin plutôt soudain et incontrôlé de la population et de la capacité industrielle.
Même si le livre contient principalement le résultat du modèle basé sur différents scénarios et leur analyse, il contient quelques conseils et outils judicieux. J’aimerais en partager un extrait avec vous :
Les profondeurs de l'ignorance humaine sont beaucoup plus profondes que la plupart d'entre nous sont prêts à l'admettre. [...] Les dirigeants du monde ne savent pas mieux que quiconque comment instaurer une société durable ; la plupart d'entre eux ne savent même pas qu'il est nécessaire de le faire.
Exposer les questions environnementales sur la scène internationale
La Conférence de Stockholm est la première conférence mondiale sur l’environnement. L’ONU s’est attachée à faire de l’environnement un enjeu majeur.
L’un des principaux résultats de la conférence de Stockholm a été la création du Programme Environnemental des Nations Unies . (PNUE) qui est chargé de coordonner les réponses aux problèmes environnementaux au sein du système des Nations unies.
Rapports essentiels sur l’énergie
L’ Agence Internationale de l'Energie (AIE) créée en 1974 est bien connue pour ses rapports annuels de grande qualité sur la question de l’énergie appelés World Energy Outlook . L’AIE fournit une expertise aux nations pour les aider à formuler leurs politiques énergétiques et contribue à encadrer le débat sur l’énergie à l’échelle mondiale.
Même si les World Energy Outlook sont des rapports incontournables, je ne peux que vous encourager à jeter un coup d’œil à d’autres sources telles que :
Statistical Review of World Energy - British Petroleum (en anglais)
Shell Energy Scenarios - Shell
Rapport mondial sur l’énergie - RWE
Energies - Total
Évolution de l’énergie - Greenpeace
Attention, la plupart des estimations de ces rapports sont optimistes car la plupart des statistiques proviennent de sociétés privées et des gouvernements des pays producteurs de pétrole qui n’ont aucun intérêt à ce que la communauté internationale introduise des mesures de réduction de la consommation d’énergie.
Un célèbre rapport sur le développement durable
Le rapport Bruntland, également connu sous le titre Notre avenir commun, est un rapport commandé par les Nations unies sur le thème du développement durable.
Il s'agissait d'un appel urgent de l'Assemblée générale des Nations unies à proposer des stratégies environnementales à long terme pour parvenir à un développement durable d'ici l'an 2000 et au-delà. [...] La Terre est une, mais le monde ne l'est pas. [...] Une société durable est une société qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
“La Terre est une mais le monde ne l’est pas”, cette phrase est célèbre pour sa signification cruciale : face à des enjeux environnementaux et sociaux qui ne se limitent pas aux frontières, les institutions politiques sont inefficaces, car elles dépendent des Etats-nations.
Pour ceux qui se demandent ce que signifie et implique le développement durable, je voudrais présenter Herman Daly, co-nommé pour le Prix de la Paix en raison de sa révélation que le système économique actuel conduit à l’effondrement écologique. Il est professeur émérite à l’école de politique publique de l’université du Maryland. Il a également été économiste principal au département de l’environnement de la Banque mondiale. Il a eu un impact majeur sur le monde en identifiant des indicateurs essentiels pour une société humaine durable, bien connus sous le nom des Trois Règles de Herman Daly :
L’utilisation durable des ressources renouvelables signifie que le rythme ne doit pas être plus rapide que le rythme auquel elles se régénèrent.
L’utilisation durable des ressources non renouvelables signifie que le rythme ne doit pas être plus rapide que le rythme auquel leurs substituts renouvelables peuvent être mis en place.
Le taux d’émission durable de la pollution et des déchets signifie qu’il ne doit pas être plus rapide que le rythme auquel les systèmes naturels peuvent les absorber, les recycler ou les rendre inoffensifs.
Garantir l’accès aux connaissances scientifiques sur le changement climatique
Le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC) fournit des informations scientifiques objectives et complètes sur le changement climatique anthropique, y compris les impacts et les risques naturels, politiques et économiques, ainsi que les options de réponse possibles. Il ne mène pas de recherches originales et ne surveille pas le changement climatique, mais procède plutôt à un examen périodique et systématique de tous les documents publiés pertinents. Des milliers de scientifiques et d’autres experts se portent volontaires pour examiner les données et compiler les principales conclusions dans des “rapports d’évaluation” destinés aux décideurs et au grand public.
Le GIEC a été créé en 1988 par l’ Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme Environnemental des Nations Unies (PNUE). Il publie un rapport d’évaluation environ tous les 5 ans et a publié six rapports d’évaluation jusqu’à présent. Visitez le site Site Web du GIEC pour télécharger et lire ses rapports.
En 2007, l’organisation a reçu le prix Nobel de la paix, qu’elle partage avec Al Gore, pour ses efforts en vue d’accroître et de diffuser les connaissances sur le changement climatique d’origine humaine et de jeter les bases des mesures nécessaires pour contrer ce changement. Veuillez noter que l’organisation ne dispose que d’un budget d’environ 6 millions de dollars par an.
Le début du régime climatique
La Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), également appelée “Sommet de la Terre”, est révolutionnaire : 172 gouvernements sont représentés, 117 chefs d’État sont présents et environ 2 400 dirigeants d’ONG sont là aussi.
La conférence aborde des questions mondiales telles que les combustibles fossiles, le changement climatique, les transports publics, etc. À l’issue de l’événement, diverses conventions et politiques sont produites, comme l’ Agenda 21 . La plus importante est la Climate Change Convention . (également appelée Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ou CCNUCC en abrégé). Cette convention a été adoptée le 21 mars 1994 lorsque 50 pays l’ont signée. Même si la Convention ne comporte aucun objectif, elle garantit que les gouvernements se réunissent chaque année pour discuter des questions liées à l’Anthropocène lors de Conferences Of Parties . (COP).
Comprendre la provenance de ce seuil
Pour faire simple, l’objectif des 2°C provient d’une coproduction scientifico-politique avec quelques acteurs majeurs comme le GIEC et le Conseil consultatif allemand sur le changement global (WBGU), un organe consultatif scientifique indépendant créé en 1992 dans le cadre de la préparation du Sommet de la Terre de Rio.
En 1995, le WBGU a proposé une approche logique et simple pour déterminer le seuil que nous ne devrions jamais dépasser. Selon le WBGU, la fenêtre de température ne devrait pas dépasser la température à laquelle la vie biologique et humaine s’est développée sur Terre au cours des 120000 dernières années.
Le premier principe, la préservation de la Création dans sa forme actuelle, est présenté dans ce scénario sous la forme d'une fenêtre de température tolérable. Cette fenêtre est dérivée de la plage de fluctuation de la température moyenne de la Terre à la fin du Quaternaire. Cette époque géologique a façonné notre environnement actuel, les températures les plus basses ayant été enregistrées au cours de la dernière période glaciaire (minimum moyen d'environ 10,4 °C) et les plus élevées au cours de la dernière période interglaciaire (maximum moyen d'environ 16,1 °C). Si cette plage de températures est dépassée dans un sens ou dans l'autre, on peut s'attendre à des changements spectaculaires dans la composition et la fonction des écosystèmes actuels. Si nous étendons la plage de tolérance de 0,5 °C supplémentaire à chaque extrémité, la fenêtre de température tolérable s'étend alors de 9,9 °C à 16,6 °C. La température moyenne mondiale actuelle est d'environ 15,3 °C, ce qui signifie que la fourchette de température jusqu'au maximum tolérable n'est actuellement que de 1,3 °C.
La valeur d’augmentation maximale de 1,3°C combinée au réchauffement planétaire de 0,6°C déjà observé en 1995 nous donne la limite de 2°C.
La première Conférence des Parties
En 1995, la première COP a lieu à Berlin où 120 gouvernements sont représentés. Bien que le premier rapport du GIEC ait été publié en 1990 et annonce un possible réchauffement climatique de 3°C en 2050 par rapport à l’ère préindustrielle, l’alarme scientifique n’est pas vraiment prise au sérieux. La conférence ne s’est pas terminée par des mesures concrètes.
ou la découverte du 7ième continent
En 1997, le capitaine Charles Moore a découvert le Great Pacific Garbage Patch (GPGP), un tourbillon de débris plastiques dans l’océan Pacifique. Il s’agit de la plus grande accumulation de plastique dans un tourbillon océanique. Elle s’étend sur 3 millions de km2, soit 6 fois la superficie de la France.
Le plastique que nous créons finit malheureusement par se retrouver dans l’océan. Selon un rapport du WWF , entre 86 et 150 millions de tonnes métriques (MMT) de plastique se sont accumulées dans les océans à présent (en 2022), à un rythme en constante augmentation : en 2010, on estimait que 4,8 à 12,7 MMT de déchets plastiques polluants entraient dans l’océan à partir de la terre, tandis qu’une étude plus récente suggère que 19 à 23 MMT ont pénétré dans nos cours d’eau en 2016. On estime que 80 % du plastique présent dans l’océan provient de sources terrestres, les 20 % restants provenant de bateaux et d’autres sources marines. Ce plastique s’accumule dans cinq gyres océaniques. Tous les cinq présentent une concentration accrue de déchets plastiques par rapport aux autres parties des océans.
La grande majorité de ces particules de plastique sont à peine visibles à l’œil nu car il s’agit de microplastiques (inférieurs à cinq millimètres). En revanche, les gyres ne présentent pas d’îles flottantes de plastique, également appelées plaques d’ordures. Il n’y a pas de masse flottante visible de déchets plastiques au milieu de l’océan. Ces malentendus persistent, mais la pollution dans les gyres est en réalité une concentration accrue de plastique qui est, pour la plupart, en très petits morceaux.
Nous estimons que 100000 animaux marins et un million d’oiseaux de mer meurent chaque année par ingestion ou enchevêtrement de plastique océanique.
Les premiers objectifs réels mais étroits sont fixés
La troisième COP a eu lieu à Kyoto au Japon en 1997 et s’est conclue par l’élaboration du protocole de Kyoto. Le Protocole a été ouvert à la signature en 1998 et est entré en vigueur en 2005 après que 175 gouvernements l’aient signé - mais pas les Etats-Unis qui représentaient 36% des émissions mondiales en 1990. Le protocole précise la convention-cadre de 1992 en assignant à chaque nation signataire des objectifs réels de réduction des émissions à atteindre avant 2012 mais sans mécanisme de sanction.
En parallèle, le protocole de Kyoto propose un mécanisme de bulle européen ainsi que trois mécanismes flexibles pour faciliter les objectifs de réduction des émissions :
Bulle européenne : Les pays européens doivent réduire leurs émissions de 8%, cependant si un pays a des difficultés à réduire ses émissions, cela ne pose pas de problème tant qu’un autre pays européen fait contrepoids en réduisant davantage ses émissions. Cela peut être considéré comme un excellent mécanisme de groupe, mais il ne motive pas chaque pays à réduire ses propres émissions.
Mise en œuvre conjointe (MOC)
Emission Trading (ET) : il permet l’achat et la vente de quotas d’émissions entre pays.
Ces mécanismes sont critiquables ; ils transforment la véritable préoccupation qu’est l’avenir de l’humanité, plus généralement les conditions de vie des êtres vivants et les conditions d’habitabilité de la Terre en une nouvelle forme économique appelée Économisation de l’environnement. Ceci a été dénoncé par les ONG et les organisations.
Le protocole de Kyoto a-t-il été un succès au bout du compte ? Cet article de Nature fournit une réponse :
Le résultat semble correct ; néanmoins, à l’échelle mondiale, le protocole de Kyoto n’est pas un succès : les émissions mondiales n’ont jamais cessé d’augmenter.
Il était censé être la prémisse d’objectifs réels et plus forts, mais il s’avère déjà trop difficile à respecter pour les gouvernements - voir le Retrait du Canada du protocole de Kyoto .
Kyoto a eu un impact très limité sur le climat. Son ambition était trop limitée, ses outils étaient trop massivement bureaucratiques et il offrait trop d'échappatoires
La première réunion des parties (MOP)
La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique de 2005 s’est déroulée du 28 novembre au 9 décembre 2005 à Montréal, Québec, Canada. La conférence comprenait la COP11, et était la première réunion des parties (MOP1) au protocole de Kyoto depuis leur réunion initiale à Kyoto en 1997.
La conférence a été l’une des plus grandes conférences intergouvernementales sur le changement climatique jamais organisées. L’événement a marqué l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto le 16 février 2005. Accueillant plus de 10 000 délégués, elle a été l’un des plus grands événements internationaux jamais organisés au Canada et le plus grand rassemblement à Montréal depuis l’Expo 67.
Un film documentaire pour sensibiliser les gens au réchauffement de la planète
Al Gore était alors vice-président des États-Unis lorsqu’il a écrit le film Une Vérité qui Dérange (voir trailer) . Grâce à son travail, il a obtenu le prix Nobel de la paix en 2007 pour avoir attiré l’attention du monde sur les dangers du réchauffement climatique, qui est au centre du film. Je ne saurais trop insister sur le fait que je vous recommande de le regarder.
Le film montre brillamment le lien entre la quantité de CO2 dans l’atmosphère et l’anomalie de température globale sur la Terre depuis des milliers d’années. Le graphique suivant est utilisé dans le documentaire :
L’économie du changement climatique
Nicholas Stern, ancien vice-président du Groupe de la Banque mondiale, est un docteur en économie britannique membre de différentes institutions comme l’Université d’Oxford. En octobre 2006, il a publié un rapport de 662 pages intitulé Le Rapport Stern : L'économie du Changement Climatique à l’attention du Premier ministre et du Chancelier du Royaume-Uni.
Il est encore temps d'éviter les pires conséquences du changement climatique, si nous prenons des mesures énergiques dès maintenant [...] De tous ces points de vue, les preuves recueillies par l'étude conduisent à une conclusion simple: les avantages d'une action forte et précoce l'emportent largement sur les coûts économiques de l'inaction.
Un film documentaire sur l’état de l’environnement naturel
Avec les contributions de plus de 50 politiciens, scientifiques et activistes environnementaux, dont l’ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, le physicien Stephen Hawking, la lauréate du prix Nobel Wangari Maathai, le journaliste Armand Betscher et Paul Hawken, le film documente les graves problèmes auxquels sont confrontés les systèmes de vie de la planète. Le réchauffement de la planète, la déforestation, l’extinction massive des espèces et l’appauvrissement des habitats des océans sont autant de sujets abordés. Le film part du principe que l’avenir de l’humanité est en péril.
Le réchauffement de la planète n'est pas seulement le défi environnemental numéro 1 auquel nous sommes confrontés aujourd'hui, mais l'un des problèmes les plus importants auxquels l'humanité tout entière est confrontée [...] Nous devons tous faire notre part pour sensibiliser au réchauffement de la planète et aux problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant que peuple pour promouvoir un avenir environnemental durable pour notre planète
La Fin de l’Or Noir ?
Selon le rapport World Energy Outlook 2010 à la page 48, la production de pétrole brut conventionnel a culminé en 2006, avec un maximum historique de 70 millions de barils par jour (mb/j). L’année 2006 a été mise à jour par 2008 dans le rapport plus récent World Energy Outlook 2018 à la page 45 : “La production mondiale de pétrole brut conventionnel a culminé en 2008 à 69,5 mb/j et a chuté depuis d’environ 2,5 mb/j. "
Tout le pétrole et le gaz faciles à trouver dans le monde ont été découverts. Il reste maintenant à trouver et à produire du pétrole dans des environnements et des zones de travail plus difficiles.
Il est clair qu'il n'y a pas beaucoup de chances de trouver une quantité significative de nouveau pétrole bon marché. Tout pétrole nouveau ou non conventionnel sera cher
Néanmoins, nous n’avons pas vu d’impact ou de changement depuis 2008 ; aucune crise n’est survenue comme en 1973. Pourquoi ? Cela s’explique par la production de pétrole non conventionnel qui a contrebalancé la baisse de la production de pétrole brut conventionnel depuis cette date. Pour plus de détails sur le pic pétrolier global, qui prend en compte tous les types de pétrole - conventionnel et non conventionnel - veuillez vous référer à l’élément de la ligne du temps intitulé Pic Pétrolier Global en Octobre 2023, date de publication du rapport World Energy Outlook 2023.
COP15 à Copenhague: De l’espoir au flop
Il y avait de l’espoir avant cette conférence. L’événement s’appelait même Hopenhagen (espoir de Copenhague) mais il s’est malheureusement transformé en Flopenhagen (flop de Copenhague). En effet, avec l’élection de Barack Obama fin 2009, il y avait l’espoir que les Etats-Unis réintègrent le protocole de Kyoto mais ce ne fut pas le cas.
La Chine est devenue le premier émetteur de CO2 au monde (exactement la Chine a dépassé les Etats-Unis en 2004) mais elle continue à se défendre en martelant l’argument de la responsabilité historique due aux émissions passées.
Dans son deuxième rapport d’évaluation de 1995, le GIEC mentionnait qu’un réchauffement de 2°C correspondait à 550 p.p.m. Cependant, dans son quatrième rapport d’évaluation publié en 2007, le GIEC a précisé son étude et a suggéré qu’un réchauffement climatique de 2°C correspondait en fait à 450 ppm. Le fait que l’objectif ait changé a pu effrayer les gouvernements, d’autant plus qu’en 2009 nous avons déjà atteint 390 p.p.m.
Le seul résultat de cette conférence est un document minimaliste appelé Accord de Copenhague , signé par une trentaine de nations représentant 80 % des émissions mondiales, qui reconnaissent que le changement climatique est l’un des défis les plus importants de notre époque et qu’il doit être abordé avec une volonté politique forte pour éviter de franchir le seuil des 2°C. Pour autant, aucun objectif quantifié ou politique temporelle n’est défini pour la limite des 2°C.
Ne changez pas le climat, changez le système. [...] Si le climat était une banque, il aurait déjà été sauvé
Arrêter le réchauffement
Le rapport s’intitule Arrêter le réchauffement : pourquoi un monde 4°C plus chaud doit être évité (disponible en anglais, français et espagnol). Le fait amusant est qu’il a été écrit par une organisation inattendue que l’on pourrait considérer comme non intéressée par la crise systémique ou même en partie responsable de celle-ci : la Banque mondiale. Cependant, même leurs dirigeants ont réalisé que la crise pouvait être un problème pour eux. Quelle surprise : un effondrement de nos sociétés n’implique plus de besoins financiers.
La Banque mondiale est l'un des principaux défenseurs d'une action ambitieuse contre le changement climatique, non seulement parce qu'il s'agit d'un impératif moral, mais aussi parce que cela relève du bon sens économique. [...] Un monde à 4°C peut, et doit, être évité.
Des exponentielles partout
Un rapport nommé Great Acceleration a été initialement publié en 2004 pour montrer les évolutions socio-économiques et celles du système terrestre de 1750 à 2000. Dans un rapport de 2015 intitulé La Trajectoire de l'Anthropocène : la Grande Accélération , les graphiques ont été mis à jour jusqu’en 2010.
Evolutions socio-économiques:
Evolutions du système terrestre:
Les 50 prochaines années apporteront-elles le Grand Découplage ou le Grand Effondrement ? Les graphiques des 10 dernières années de la Grande Accélération montrent des signes des deux, mais ne peuvent pas faire la distinction entre ces scénarios, ou d'autres possibilités. Mais 100 ans après l'avènement de la grande accélération, en 2050, nous connaîtrons presque certainement la réponse
Beaucoup de joie et de promesses
L’accord de Paris vise à atteindre des émissions nettes de CO2 nulles d’ici 2050 : est-ce possible ? Soyons réalistes pendant 5 secondes, si nous envisageons une émission nette nulle d’ici 2100, alors (voir graphique provenant de Our World in Data) :
Lors de la Conférence de Copenhague en 2009, une analyse a été faite qui indique que pour ne pas atteindre 2°C, nous devions avoir une réduction de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre par an.
En 2013, une nouvelle analyse a montré que pour atteindre le même objectif, nous devions réduire de 5% par an les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
En 2022, un calcul rapide indique que nous avons besoin d’une réduction de 9% par an pour atteindre exactement le même objectif (voir les calculs ci-dessous).
Malheureusement, les émissions mondiales n’ont jamais diminué depuis 1850 (sauf pendant la crise du COVID19) et continuent d’augmenter de façon exponentielle.
Pour ceux qui sont intéressés par les calculs :
Une idée inconcevable et monumentalement absurde
Un rapport publié le 19 Janvier 2016 nous informe qu’il y aura plus de plastique que de poissons en poids d’ici 2050. Le président de la 73e session de l’ONU a réagi en 2019:
Si nous ne faisons rien, en 2050, les océans de notre monde contiendront plus de plastique que de poissons (en poids). Je vais le répéter, car c'est une idée qui paraît monumentalement absurde, mais selon un rapport du Forum économique mondial et de la Fondation Ellen MacArthur, c'est exactement l'avenir vers lequel nous nous dirigeons : Dans un peu plus de 30 ans, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans.
Ci-dessous un schéma que l’on peut trouver page 14 du rapport mentionné plus tôt qui nous donne plus de détails schématiquement et simplement pour décrire les évolutions attendues relatives à la production de plastique dans un scénario de business-as-usual:
Déclin moyen de 76 % en 27 ans
La perte de diversité et d'abondance des insectes devrait provoquer des effets en cascade sur les réseaux alimentaires et mettre en péril les services écosystémiques. [...] Notre analyse estime un déclin saisonnier de 76 %, et un déclin au milieu de l'été de 82 % de la biomasse des insectes volants au cours des 27 années d'étude. [...] On estime que 80 % des plantes sauvages dépendent des insectes pour la pollinisation, tandis que 60 % des oiseaux comptent sur les insectes comme source de nourriture.
Le changement climatique est une menace existentielle pour l’humanité.
Le 15 mai 2018, le secrétaire général de l’ONU António Guterres a délivré un message au sommet mondial autrichien soulignant que le changement climatique est une menace existentielle pour l’humanité.
Si nous échouons face au défi du réchauffement climatique, tous les autres défis deviendront plus importants et nous noieront. Le changement climatique est une menace existentielle directe pour la vie sur cette planète et plus particulièrement pour le genre humain.
Il déclare : “Je ne veux plus mentir”.
Nicolas Hulot a été ministre de l’Environnement de mai 2017 à septembre 2018. Démissionner était pour lui une manière de protester. Selon lui, prolonger sa mission aurait été synonyme de démission. En effet, prolonger revenait à donner l’illusion aux gens que l’on va dans la bonne direction.
On pense que l'écologie n'est qu'un léger changement ; non, c'est un véritable changement de logiciel, un changement de paradigme. [...] Nous sommes en guerre contre nous-mêmes. Ce dont nous avons besoin, c'est d'un plan Marshall. Je ne veux pas que les gens croient qu'avec des moyens limités, nous serons capables de résoudre des équations aussi complexes. [...] S'il n'y a pas une vision partagée au plus haut niveau, si le diagnostic n'est pas partagé, le traitement ne sera pas partagé.
Rapport spécial
Il existe actuellement que 14 rapports spéciaux du GIEC. Ils sont destinés à préciser certains éléments qui n’auraient pas pu être faits dans d’autres rapports. Le GIEC a jugé utile de publier un rapport spécial sur le thème du réchauffement climatique de 1,5°C car il pense que cela peut aider à comprendre que ce seuil est déjà critique et à éviter : Lien vers le rapport spécial .
Le fait de maintenir la hausse de la température mondiale en dessous de 1,5°C est en réalité hautement improbable étant donné la tendance d’évolution d’émission de CO2 depuis 1850 comme le montre le graphique suivant :
Déclin moyen de 68% en 46 ans
L'Indice de Vie de la Planète (ou Living Planet Index en anglais LPI) mondial continue de décliner. Il montre une diminution moyenne de 68% de la taille des populations de mammifères, d'oiseaux, d'amphibiens, de reptiles et de poissons entre 1970 et 2016. Une baisse de 94% de LPI pour les sous-régions tropicales des Amériques est la plus importante baisse observée dans n'importe quelle partie du monde.
Entre 200 millions et 1,2 milliard de réfugiés climatiques d’ici 2050
L'Institut d'Economie et de la Paix (IEP) produit chaque année des rapports sur différents thèmes liés à l’économie et à la paix. Ceux qui nous intéressent particulièrement sont les Rapports sur les menaces écologiques - un a notamment été publié en 2020 et un autre en 2021.
6,4 milliards de personnes vivent dans des pays qui sont exposés à des menaces écologiques moyennes ou élevées. [...] On estime que 1,2 milliard de personnes risquent d'être déplacées d'ici 2050.
D’autres estimations sont beaucoup plus modestes. Une Publication du Groupe de la Banque mondiale prévoit environ 200 millions de réfugiés climatiques d’ici 2050, ce qui reste tout de même conséquent.
Cheminement vers l’objectif crucial de zéro émission nette d’ici 2050
[...] la feuille de route définit plus de 400 étapes pour guider le voyage mondial vers le zéro net d'ici 2050. Il s'agit notamment, à partir d'aujourd'hui, d'aucun investissement dans de nouveaux projets d'approvisionnement en combustibles fossiles, et d'aucune autre décision finale d'investissement pour de nouvelles centrales à charbon non exploitées. D'ici 2035, il n'y aura plus de ventes de nouvelles voitures particulières à moteur à combustion interne et, d'ici 2040, le secteur mondial de l'électricité aura déjà atteint des émissions nettes nulles.
La pollution atmosphérique est responsable de 11,65 % des décès dans le monde.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié en 2021 deux fiches d’information qui présentent les données les plus récentes :
- OMS - Fiche d'information : Pollution de l'air ambiant (extérieur)
- OMS - Fiche d'information : Pollution de l'air des ménages (intérieur) et santé
Selon les estimations, la pollution atmosphérique tue 7 millions de personnes chaque année et constitue l’un des principaux facteurs de risque de décès. Dans les pays à faible revenu, elle est souvent très proche du sommet de la liste (ou constitue le principal facteur de risque).
Comparons la pollution atmosphérique à d’autres sources principales de mortalité selon les estimations de l’OMS : l’hypertension artérielle cause 11 millions de décès chaque année, le tabagisme 7,7 millions de décès, l’obésité 2,8 millions de décès, les accidents de la route 1,3 millions de décès, le SIDA 680000 décès, les homicides 470000 décès, les guerres 50000 et le terrorisme en moyenne 25000 décès.
Le terrorisme domine souvent la couverture médiatique. Nous sommes informés des attentats dès qu’ils se produisent et de nombreux attentats font les gros titres dans les journaux. Près de 56 millions de personnes sont mortes en 2017 ; un peu plus de 26 000 d’entre elles à cause du terrorisme. Chaque 2000ème décès - 0,05% - était dû au terrorisme.
Visualisation de l’évolution de la température globale par la NASA
Cette visualisation montre les anomalies mensuelles de la température mondiale (changements par rapport à une moyenne) entre les années 1880 et 2021. Les couleurs blanches et bleues indiquent des températures plus faibles, tandis que les couleurs oranges et rouges indiquent des températures plus élevées. Comme vous pouvez le constater, la température mondiale a augmenté principalement en raison des activités humaines au fil du temps.
Ces températures sont basées sur les données du Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la NASA. Les anomalies sont définies par rapport à une période de base allant de 1951 à 1980.
Afin de voir plus de vidéos du même genre mais sur d’autres données, vous pouvez jeter un coup d’oeil à ce site : Climate Lab Book .
Le Secrétaire-Général des Nations Unies affirme que les gouvernements nous mentent
Nous sommes sur la voie d'un réchauffement climatique de plus du double de la limite de 1,5 degré convenue à Paris. Certains gouvernements et chefs d'entreprise disent une chose, mais en font une autre. En d'autres termes, ils mentent. Et les résultats seront catastrophiques. Il s'agit d'une urgence climatique. [...] Les militants du climat sont parfois dépeints comme de dangereux radicaux. Mais les radicaux vraiment dangereux sont les pays qui augmentent la production de combustibles fossiles. Investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles est une folie morale et économique.
4 avril 2022 - rapport de l'ONU sur le climat - Les Nations unies déclarent que c’est “maintenant ou jamais” pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré.
22 avril 2022 - Auto-immolation de Wynn Bruce le jour de la Terre pour attirer l’attention sur la crise climatique.
425 Bombes Carbone dans le monde
Nous avons cartographié les plus grands projets de combustibles fossiles dans le monde, 425 bombes de carbone, avec un potentiel d'émissions de CO2 dépassant 1 gigatonne pour chaque projet. Les émissions potentielles de ces projets dépassent le budget carbone de 1,5 °C par un facteur deux. Nous avons montré qu'il y a une forte concentration de ces projets dans des pays qui ont jusqu'à présent reçu peu d'attention de la part de ceux qui s'intéressent à l'atténuation du changement climatique : La Chine, les pays du Moyen-Orient et la Russie. Il s'agit d'une lacune majeure dans la politique d'atténuation et il est urgent d'y remédier.
Pour en savoir plus, le site carbonbombs.org rassemble toutes les informations relatives aux 425 bombes à carbone. Vous pourrez y visualiser la localisation de ces Bombes Carbone sur la carte du monde et examiner quelques graphiques pour mieux comprendre la diversité des acteurs (banques, assurances, entreprise de l’énergie) qui menacent les conditions d’habitabilité de notre planète.
Pour une rapide introduction sur le sujet, le journal Le Monde a realisé une courte vidéo explicative concernant ces Bombes Carbone permettant de facilement et rapidement comprendre les enjeux liés à ces bombes.
- Operating
- Not started
- Stopped
- Carbon Budget
9 limites évaluées, 6 dépassées
Le concept de limites planétaires est apparu en 2009. Il présente un ensemble de neuf limites planétaires à l’intérieur desquelles l’humanité peut continuer à se développer et à prospérer pour les générations à venir. En septembre 2023, une équipe de scientifiques a quantifié, pour la première fois, les neuf processus qui régissent la stabilité et la résilience du système terrestre. Sur les 9 frontières évaluées, 6 sont franchies. Pour plus d’informations, visitez le site web stockholmesresilience.org ou lisez l’article scientifique de 2023 Earth beyond six of nine planetary boundaries .
Le déclin de l’or noir vers 2030
Nous avons vu que selon le rapport World Energy Outlook 2018 à la page 45: “La production mondiale de pétrole brut conventionnel a culminé en 2008 à 69,5 millions de barils par jour (mb/j) et a chuté depuis d’environ 2,5 mb/j”. Néanmoins, nous n’avons constaté aucun impact ou changement depuis 2008 ; aucune crise ne s’est produite comme en 1973. Pourquoi ? Cela s’explique par la production de pétrole non conventionnel qui a contrebalancé la baisse de la production de pétrole brut conventionnel depuis cette date. Voyons la différence entre le pétrole conventionnel et le pétrole non conventionnel:
Le pétrole brut conventionnel est le premier type de pétrole exploité car facile à extraire. Le pétrole (pétrole brut, pétrole brut conventionnel) se trouve dans les pores microscopiques des roches sédimentaires, telles que le grès et le calcaire.
Qu’en est-il du pétrole non conventionnel ? Quels sont les principaux types de pétroles non conventionnels ?
- le pétrole issu de la fracturation hydraulique ou fracking, ou plus exactement de l’hydrofracturation, également connu sous le nom de tight oil ou de pétrole de schiste (shale oil)
- le sable bitumineux, également connu sous le nom de tar sand ou sable pétrolifère, qui est un type de pétrole lourd ou extra-lourd
- pétrole de haute mer, dans l’océan et dans l’Artique
- agrocarburant, aussi appelé biocarburant
- liquides de gaz naturel (NGLs)
Le Pic Pétrolier Global devrait se produire vers 2030 selon le World Energy Outlook 2023 à la page 133 (voir figure 3.21). Elle est définie comme le moment hypothétique où la production mondiale de pétrole - tous types confondus - atteint son taux maximal, après quoi la production diminuera progressivement.
Voici la description des trois différents scénarios donnés par le World Energy Outlook 2023 à la page 17 :
- Scénario des politiques déclarées (STEPS) : fournit des perspectives basées sur les dernières politiques, notamment en matière d’énergie, de climat et de politiques industrielles connexes.
- Scénario des engagements annoncés (APS) : suppose que tous les objectifs nationaux en matière d’énergie et de climat fixés par les gouvernements sont atteints dans leur intégralité et dans les délais impartis.
- Scénario d’émissions nettes nulles d’ici à 2050 (NZE) : scénario nécessaire pour atteindre les objectifs visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.
Ces chiffres confirment la vision du PDG de Total en 2020 :
En 2050, lorsque nous parlons de neutralité carbone dans la seconde moitié du siècle (référence au scénario Net Zero Emission ou NZE d'ici 2050), nous pensons que nous aurons quelque chose comme 40 millions de barils de pétrole par jour (mb/j), mais ce n'est pas zéro. C'est bien moins que 100 millions par jour, ce qui correspond à la consommation actuelle. Il est clair que nous serons confrontés à un pic de production de pétrole vers 2030-2040, qui commencera à décliner.
Un accord historique
La 28ème Conférence des Parties a été un scandale dès le départ pour certains :
Elle a été organisée à Dubaï aux Emirats Arabes Unis, 7ème producteur de pétrole au monde.
Le président choisi pour la 28ème COP est le Sultan Al-Jaber, ministre de l’industrie des Emirats Arabes Unis et PDG de l’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC). Cette société vise une augmentation de sa capacité de production de pétrole de 5 millions de b/j d’ici 2030 contre environ 4 millions de b/j en 2022 (voir également l’International Trade Administration Guide Commercial des Emirats Arabes Unis publié le 25 novembre 2023), ce qui représente une augmentation de 25 % de la production de pétrole, même si la 28ième Conférence des Nations Unies sur le changement climatique mentionne que l'ensemble des pays du monde se sont mis d'accord pour transitionner hors des énergies fossiles et de réduire les émissions globales de gaz à effet de serre de 43% à horizon 2030 .
De nombreuses entreprises considérées comme de gros pollueurs, des représentants et des lobbyistes étaient présents. On estime que 2456 lobbyistes étaient présents à la COP28 , ce qui est nettement plus que lors de la COP27 avec une estimation de 636 lobbyistes et 503 lors de la COP26.
Selon le Sultan Al-Jaber, le président de la COP28, le texte final est un succès.
C'est un accord amélioré, équilibré - mais ne vous y trompez pas - historique pour accélérer l'action climatique.
Cet accord est qualifié d’“historique” car il mentionne, pour la première fois dans l’histoire de toutes les conférences de l’ONU sur le climat, la transition hors des énergies fossiles . Cependant ce n’est pas suffisant, de nombreuses personnes espéraient la mention des termes “phase out” ou au moins de “phase down” dans le texte final; c’est à dire respectivement “la sortie des énergies fossiles” ou “la réduction jusqu’à la sortie des énergies fossiles”.
Les promesses si elles se réalisent toutes elles impliqueraient une baisse d'environ 5% des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030, et celles qui sont conditionnelles uniquement de 2% alors que pour limiter le réchauffement climatique largement en dessous de 2°C il faudrait réduire les émissions de 25% ou pour 1.5°C de 43%. Donc on voit aussi dans ce texte un certain nombre de limites. Ces limites ce sont les financements. Les financements pour le développement des alternatives aux énergies fossiles, les financements pour l'adaptation avec un objectif mondial qui reste faible et les financements pour les pertes et dommages pour aider les pays les plus vulnérables simplement pour reconstruire post-catastrophe. Pour cela, ce qui est mis sur la table c'est 400 millions de dollars qui est l'équivalent du salaire annuel des trois footballers les mieux payés au monde.
2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial
2023 est officiellement l’année la plus chaude jamais enregistrée. La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) le précise dans son article Changement Climatique: Température Globale publié le 18 janvier 2024. Les points importants sont les suivants : 2023 a été l’année la plus chaude depuis le début des relevés mondiaux en 1850 et, pire encore, les 10 années les plus chaudes des relevés historiques se sont toutes produites au cours de la dernière décennie (2014-2023). Vous pouvez trouver des détails supplémentaires en lisant le rapport de la NOAA Rapport sur le Climat Global en 2023 .
D’autres sources fiables font mentions de la même nouvelle. Copernicus, qui est le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne et l’un des principaux fournisseurs de données d’observation de la Terre, a publié un article intitulé 2023 est l'année la plus chaude jamais enregistrée publié le 9 janvier 2024. On peut y lire que 2023 a été 0,60°C plus chaude que la moyenne de 1991-2020 et 1,48°C plus chaude que le niveau préindustriel de 1850-1900, ce qui est très proche de la limite des 1,5°C.
On peut également citer l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) avec son article L'OMM confirme que 2023 franchi un nouveau record de température publié le 12 janvier 2024.
L’état de la Terre devient si critique et l’inaction climatique si absurde que nous n’avons pas assez de mots forts pour décrire ce qui se passe et ce qu’il va advenir. Le secrétaire général des Nations unies est contraint d’employer de nouveaux mots pour tenter d’attirer l’attention du monde et évoque l’ébullition globale.
Pour les scientifiques, il est sans équivoque que les humains sont à blâmer. Tout cela est parfaitement cohérent avec les prédictions et les avertissements répétés. La seule surprise est la rapidité du changement. Le temps du réchauffement climatique est révolu, le temps de l'ébullition mondiale est arrivé. L'air est irrespirable, la chaleur est insupportable et les profits tirés des combustibles fossiles et de l'inaction climatique est inacceptable.
Le graphique suivant montre l’anomalie de la température moyenne annuelle, c’est-à-dire la différence entre la température moyenne annuelle à la surface du globe et la température de référence préindustrielle. La référence préindustrielle correspond à la température moyenne entre 1850 et 1900.
Étudier, partager et agir
Vous pouvez être un penseur, un créateur, un instigateur, un organisateur ou un facilitateur (Arthur Keller - 2022).
L’important est d’arrêter de nier. Si nous comprenons profondément, nous agirons en conséquence. Même si Naomi Klein se concentre sur le changement climatique, cela s’applique au problème systémique :
Un grand nombre d'entre nous s'engagent dans ce type de déni du changement climatique. Nous regardons une fraction de seconde puis nous détournons le regard. Ou nous regardons mais transformons cela en plaisanterie ("plus de signes de l'Apocalypse !"). Ce qui est une autre façon de détourner le regard.
Ou nous regardons mais nous nous racontons des histoires réconfortantes sur la façon dont les humains sont intelligents et proposeront un miracle technologique qui aspirera le carbone en toute sécurité du ciel ou baissera comme par magie la chaleur du soleil. C'est ce que j'ai eu l'occasion de découvrir lors des recherches pour l'édition du livre, et c'est encore une autre façon de détourner le regard.
Ou nous regardons mais essayons d'être hyper rationnels ("parlons argent ! C'est plus efficace de se concentrer sur le développement économique plutôt que sur le changement climatique, puisque la richesse est la meilleure protection contre les conditions météorologiques extrêmes ») — comme si avoir quelques dollars de plus va faire une grande différence lorsque votre ville est sous l'eau. C'est encore une façon de détourner le regard s'il vous arrive d'être un mordu de la politique.
Ou nous regardons mais nous nous disons que nous sommes trop occupés pour nous soucier de quelque chose d'aussi lointain et abstrait - même si nous avons vu l'eau dans les métros de New York, et les gens sur leurs toits à la Nouvelle-Orléans, et savons que personne n'est en sécurité. Et bien que parfaitement compréhensible, c'est aussi une façon de détourner le regard.
Ou nous regardons mais nous nous disons que tout ce que nous pouvons faire est de nous concentrer sur nous-mêmes. Méditer et acheter dans les marchés de producteurs et arrêter de conduire - mais nous oublions d'essayer de changer réellement les systèmes qui rendent la crise inévitable parce que c'est trop "d'énergie négative" et cela ne fonctionnera jamais. Et au début, il peut sembler que nous regardons, car bon nombre de ces changements de style de vie font effectivement partie de la solution, mais nous avons un œil bien fermé.
Ou peut-être que nous regardons – regardons vraiment – mais ensuite, inévitablement, nous semblons oublier. Nous nous rappelons et oublions à nouveau. Le changement climatique est comme ça; c'est dur de le garder dans la tête très longtemps. Nous nous engageons dans cette forme étrange d'amnésie écologique pour des raisons parfaitement rationnelles. Nous nions parce que nous craignons que laisser entrer la pleine réalité de cette crise va tout changer. Et nous avons raison.